Archive for the ‘Tour des Livres’ Category
« Le corps a ses raisons – Auto-guérison et anti-gymnastique», Thérèse Bertherat
Les massages thérapeutiques, l’acupuncture, l’auriculothérapie, la réflexologie, et surtout, la méthode Mézières, comptent parmi les références de Thérèse Bertherat, kinésithérapeute et fondatrice de l’anti-gymnastique. Cette technique de rééducation et d’auto-guérison permettrait de corriger tant les laideurs habituelles comme la culotte de cheval, que les difformités posturales plus graves. L’erreur de la gymnastique médicale classique serait de ne pas observer le corps dans sa totalité…
La gymnastique médicale classique analyse et classe les différentes sortes de morphologie humaines qu’elle juge irréversibles : longiligne, bréviligne, ronde, plate ou cubique. Notre structure corporelle imparfaite est considérée comme un état de fait. L’harmonie des proportions est dans cette optique, un don rarement accordé par la nature : la beauté, exceptionnelle, serait donc anormale. Mais dans son livre, Thérèse Bertherat bouscule cette théorie en s’appuyant sur l’enseignement de Françoise Mézières, connu sous le nom de « morphologie parfaite », que d’aucuns considèrent comme véritablement révolutionnaire. D’après cette kinésithérapeute française aujourd’hui disparue, la morphologie ne devrait pas être la science du classement des dysmorphismes, mais l’art de reconnaître la forme parfaite, qui correspondrait à la « normalité ». De son point de vue, l’objectif de la gymnastique médicale serait d’aider les personnes traitées à tendre vers cette forme parfaite. Ni l’importance des déformations acquises (à l’exception des fractures et mutilations), ni l’âge n’empêcheraient de s’en approcher sensiblement. Nous serions tous perfectibles, à condition de pouvoir nous voir dans notre ensemble et de vouloir nous modeler sur cette morphologie parfaite que nous possédons en puissance.
Mais combien d’entre nous sont attachés à un détail qui « fait notre charme », bien qu’il ne soit qu’une déformation qui ne peut que se dégrader au fil des années ? Une démarche « séduisante » qui n’est que l’effet d’une élévation de la hanche ; des omoplates « attendrissantes » parce qu’elles rappellent des ailes d’ange ; un regard « intéressant » parce que le port de tête est désaxé ; des « fesses en l’air » qui sont l’effet d’une région lombaire dangereusement cambrée… nos soi-disant charmes sont des annonciateurs de douleurs et de détresses futures. Seule la beauté se porte garante de la santé, explique l’auteur.
A l’instar des disciplines aux origines parfois très anciennes comme l’acupuncture, le corps doit être compris dans sa globalité ; aucune partie ne peut être corrigée si elle est envisagée indépendamment des autres. Mais souvent, lorsque nous sommes conscients de certaines laideurs de notre anatomie, nous nous acharnerons que sur ces zones-là. Résultat ? Peu ou pas de progrès. Ainsi, explique Thérèse Bertherat, beaucoup de femmes se plaignent tout au long de leur vie de la forme de leurs cuisses: culotte de cheval, alourdissement du haut des cuisses, creux trop marqué entre le haut des cuisses… Aucun exercice physique ou traitement local ne semble satisfaisant. En fait, ces laideurs ne sont que l’effet de la rotation interne des genoux qui, elle, est l’effet de la raideur de toute la musculature postérieure. L’étirement des chaînes musculaires serait l’un des moyens les plus efficaces, d’après l’auteur, pour corriger ce type de difformité.
« Le corps a ses raisons – Auto-guérison et anti-gymnastique», Thérèse Bertherat avec la collaboration de Carol Bernstein (Editions du Seuil)
« Au bonheur de maigrir », Dr Jean-Michel Cohen (Broché)
Dans ce livre dont une large partie est consacré aux aspects psychologiques de la prise et de la perte de poids, Jean-Michel Cohen propose une palette de 16 régimes différents s’étageant de 350 à 1600 calories par jour. Surprise, variété et plaisir sont au rendez-vous dans la mesure du possible, évidemment…
Le bonheur repose sur la notion de surprise, « laquelle combat la monotonie et rembarre la frustration », explique l’auteur dont l’objectif est de faire en sorte que les régimes qu’il propose n’apparaissent jamais comme des corvées mais à l’inverse des idées reçues, comme des moments de plaisir. Pari tenu pour les plus permissifs de la liste ! Les seize régimes qu’il propose ici sont plutôt inhabituels et d’après leur auteur, tous efficaces. En outre, il fournit une quantité d’informations utiles sur les équivalences caloriques possibles pour aider à varier les menus.
Le premier, le régime éclair composé exclusivement de bouillies, n’est guère appétissant mais permettrait une perte ultra-rapide de poids grâce à un apport énergétique de maximum 400 calories par jour, une véritable prouesse diététique ! Le régime rapide à 800 calories, moins austère, permettrait de perdre de 6 à 10 kilos par mois. Comme pour le régime éclair, les carences sont possibles et il est conseillé de compenser avec des complexes vitaminés et autres compléments alimentaires. Ces deux premières formules très restrictives peuvent éventuellement être alternées avec l’une des autres formules moins dures et notamment le régime modérément rapide, version traditionnelle, à 1200 calories ou le régime façon semi-diète à 1100-1200 calories qui s’adresse à ceux qui n’ont pas la possibilité de faire deux repas équivalents à midi et le soir (perte de poids sur un mois entre 6 et 7 kilos pour les hommes et entre 4 et 6 kilos pour les femmes).
Le régime plaisir de base à 1400 calories s’adresse aux personnes de stature, d’activité physique et d’âge moyens ; il permettrait, d’après l’auteur, une perte de 4 kilos par mois. A noter que ce régime ne fonctionne pas pour ceux et celles ayant une très faible dépense énergétique quotidienne mais peut leur servir de régime de stabilisation après une perte de poids importante. Il en va de même avec le régime plaisir exotique à 1400 calories d’inspiration chinoise et japonaise et le régime plaisir fromage et vin à 1400 calories, régime gourmand où la viande est remplacée par le fromage et l’alcool et l’huile dans les crudités, par les sauces diététiques. Dans le régime plaisir chocolat à 1400 calories, le chocolat remplace les matières grasses : 8 carrés par jour de chocolat au lait ou fondant (=40 grammes) sont autorisés. Le régime plaisir pour grignoteur à 1400 calories est conçu comme son nom l’indique pour les personnes qui se plaignent d’hypoglycémies ou de fringales : il permet de grignoter tout au long de la journée.
Dans le régime plaisir pâtes à 1400 calories, l’astuce est de supprimer l’huile des crudités pour augmenter la portion de féculents du soir qui seront assaisonnés avec un minimum de matières grasses et avec des oignons, des tomates, des épices et du thym.
Le régime plaisir pain à 1400 calories autorise 180 gr de pain par jour, soit deux tiers d’une baguette environ. Le régime plaisir sucre et pâtisserie à 1400 calories autorise une part de tarte aux fruits en supprimant les féculents du soir, le fromage, le fruit et l’huile des crudités. Le régime brunch à 1400 calories, très apprécié par les Anglo-Saxons semble-t-il, peut se conclure par une coupe de champagne à la place du jus de fruits. Le repas du soir permet aussi une coupe de champagne (qui remplace le fruit). Le régime rapide à 1400 calories s’adresse à ceux qui n’aiment pas cuisiner ou qui n’ont pas le temps de faire les courses : il autorise les plats préparés et même les nuggets de fast-food à condition que la salade d’accompagnement ne soit relevée que d’une vinaigrette allégée. Enfin, les deux derniers régimes sont conçus pour les femmes et les hommes d’affaires qui ne peuvent éviter de faire des repas au restaurant…
Autres articles avec références au Dr Cohen:
Les kilos superflus : d’origine psychologique?
« Les défauts physiques imaginaires », Dr Jean Tignol
Dans « Les défauts physiques imaginaires », le psychiatre et psychothérapeute Jean Tignol présente un étrange trouble obsessionnel dont souffriraient un certain nombre d’hommes et de femmes qui consultent en chirurgie esthétique et en dermatologie. Parfois le défaut en question est attribué à autrui…
Ce livre décortique un mal en progression dans nos sociétés obnubilées par la perfection physique et la minceur : le « Body Dismorphic Disorder » (BDD) ou « Trouble de Dysmorphie Corporelle » (dysmorphophobie). Les personnes qui en sont atteintes sont persuadées d’avoir un ou plusieurs défauts physiques qui en réalité n’existent pas ou sont très minimes. Ce défaut de leur apparence les préoccupe tellement qu’il devient le centre de leur existence. Leur objectif est de faire disparaître le problème par des traitements médicaux ou chirurgicaux, qui sont évidemment inefficaces, puisque le problème est imaginaire. Phobie sociale, dépression, abus d’alcool et d’autres substances, tendance à dormir ou à manger trop, idées de suicide et parfois, passage à l’acte, hospitalisations psychiatriques… les conséquences sont nombreuses et peuvent s’avérer sérieuses.
D’après l’auteur, entre 6 et 15% des personnes qui consultent en chirurgie esthétique sont atteintes de BDD et plus de 13% de celles qui consultent en dermatologie. Cette maladie touche autant les hommes que les femmes, mais, explique-t-il : « Certaines localisations diffèrent selon le sexe : en général, les hommes sont plus soucieux de leurs cheveux, de leur petite stature et de leurs parties génitales, tandis que les femmes ont des inquiétudes concernant leurs jambes, leurs hanches, leur poitrine, leur poids ».
Dans certains cas, le patient localise le défaut imaginaire chez une autre personne que lui-même. Le Dr Tignol cite l’exemple de l’un de ses patients, un homme d’une cinquantaine d’années qui avait commencé à s’inquiéter de la silhouette de son épouse après la naissance de leur premier enfant, naissance qui, il faut le préciser, avait eu lieu dix ans auparavent… « L’apparence esthétique de son épouse, particulièrement sa minceur, le préoccupait et l’angoissait au point d’occuper ses pensées plus de huit heures par jour, à l’époque de la consultation. Il surveillait sans arrêt l’alimentation de sa femme et l’avait incitée à subir deux interventions chirurgicales esthétiques, l’une au niveau de la poitrine et l’autre de l’abdomen ». Cet homme souffrait en quelque sorte de « BDD par procuration »…
Il existe aujourd’hui des traitements médicamenteux efficaces. Les personnes atteintes peuvent également s’en sortir en suivant une thérapie de type cognitif et comportemental. Pour le Dr Tignol, l’anorexie mentale serait une forme de BDD, à la différence près que le centre de préoccupation est le corps tout entier plutôt qu’une partie du corps. La dysmorphie musculaire ou anorexie inversée, concernerait les hommes essentiellement et leur musculature, qui est perçue comme insuffisante.
Jean Tignol « Les défauts physiques imaginaires » (Odile Jacob)